Guerre en Ukraine : l’aide militaire américaine ne suffira pas à rééquilibrer le rapport de force en 2024 (2024)

L’aide militaire américaine suffira-t-elle à inverser le cours de la guerre en Ukraine? Et, surtout, arrivera-t-elle assez tôt pour arrêter les attaques russes qui se multiplient le long de la ligne de front, dans le Donbass mais aussi désormais dans la région de Kharkiv, dans le nord-est du pays, où les troupes de Moscou sont reparties à l’offensive le 10mai?

Après plusieurs mois de tergiversations, le Congrès américain a voté, le 23avril, une nouvelle aide de 60,8milliards de dollars (56,44milliards d’euros) à l’Ukraine, qui viennent s’ajouter aux quelque 44milliards de dollars de soutien militaire apportés par Washington depuis février2022. Conscient de l’urgence à réapprovisionner les arsenaux dégarnis de Kiev, le président Joe Biden a immédiatement donné son feu vert pour une première livraison de matériels, d’un montant d’un milliard de dollars, avec notamment des missiles antiaériens Stinger et antichars Javelin, des blindés Bradley, des obus de 155mm… Un deuxième envoi, de 400millions de dollars, a également été annoncé le 10mai.

Prépositionnés en Allemagne et en Pologne, dans l’attente du vote du Congrès, certains de ces équipements sont déjà arrivés sur le terrain. Plusieurs sites russes ont ainsi été bombardés fin avril et début mai avec des missiles ATACMS (Army Tactical Missile System) à longue portée, un matériel dont ne disposaient pas les Ukrainiens jusqu’ici. Tirés à l’aide d’un lance-roquettes Himars, ces projectiles guidés par GPS et système inertiel peuvent atteindre des cibles situées à 300kilomètres de distance, soit près du double de la version initialement livrée par les Etats-Unis à Kiev.

La péninsule de Crimée, occupée depuis 2014par les forces de Moscou mais que l’Ukraine entend toujours récupérer, serait particulièrement visée, selon les réseaux prorusses. Le 28avril, une unité de défense antiaérienne aurait été ciblée au cap Tarkhankout, le point le plus occidental de la région. Le 30avril, c’est la base aérienne de Djankoï, dans le nord de la Crimée, qui a été atteinte par des ATACMS, détruisant ou endommageant des systèmes sol-air S-400et S-300. Le 4mai, c’est un système de lancement de missiles balistiques Iskander, installé à Luhove, au nord-est d’Eupatoria, qui aurait subi un bombardement…

«On a le sentiment que les Ukrainiens cherchent à réduire le potentiel de la Crimée, qui sert d’arrière-cour aux opérations russes dans le sud du pays», estime une source militaire française. Libérer le ciel de la péninsule des moyens russes de défense antiaérienne pourrait être aussi le prélude à une nouvelle tentative de bombardement du stratégique pont de Kertch, situé au sud-est de la Crimée, à environ 250kilomètres du front. Utilisé par Moscou pour ravitailler ses troupes, celui-ci a déjà fait l’objet de plusieurs attaques en2022et en2023, mais reste pour le moment opérationnel, même si les trains de fret les plus lourds ne l’emprunteraient plus.

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